PERFORMANCE LIVE

JEUDI  13.02.2025 à  20h30
dans la salle de 
FLOKY LA LOUTRE
44 RUE DE CAROUGE, 1205 GENEVE
https://flokylaloutre.ch/

Entrée libre, sur réservation
Chapeau à la fin
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POLYSOMNOPHONIE
LA MUSIQUE DU SOMMEIL

En médecine, la «polysomnographie» est l’enregistrement de l’activité de l’organisme pendant le sommeil.

Les multiples signaux captés (poly-graphies: activité électrique du cerveau, battements du coeur, respiration, position dans le lit, etc.) font l’objet d’une analyse et d’une interprétation médicale pour détecter l’origine des problèmes de sommeil de la personne qui dort.

Entre les mains d’un artiste sonore, ces mêmes signaux deviennent une «poly-somno-phonie»: les données médicales du sommeil sont interprétées, à travers un processus de sonification, comme une partition vivante.

L’univers qui en résulte fait écho non seulement aux processus biologiques de l’organisme mais surtout à l’âme – toujours éveillée – de la personne qui dort. A l’aide des synthétiseurs, cette âme se répand alors dans l’espace et dans le temps comme un tissu vibratoire qui enveloppe et berce l'audience par un «toucher sonore» unique.

Pour plus de détails, lire ci-dessous.
Polysomnophonie - extrait no. 1

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Polysomnophonie - extrait no. 2

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Comment est née l’idée de ce projet ?   

En 2023, le sommeil m’a quitté. Nuits blanches, journées grises, fatigue, confusion. Je rêvais d’un sommeil qui m’accueille comme une mère accueille le chagrin de son enfant. De médecin en médecin, j’atterris à la clinique SommeilSanté, à Genève, pour une étude de mon sommeil, une Polysomnographie PSG.

Je passe une nuit en laboratoire, branché à des appareils qui auscultent et enregistrent les signaux de cette vie intérieure qui m’échappe. Sauront-ils m’aider à retrouver la douce inconscience du sommeil ? Retrouver l’âme égarée dans les plis d’un corps épuisé. Le matin, au réveil, encore bredouille devant l’ordinateur du labo, je suis fasciné par la quantité de données recueillies : toutes ces infinies variations des ondes cérébrales, de la respiration, des battements du cœur. Je demande à y avoir accès pour les faire chanter. Ce m’aiderait à exorciser mes nuits, j’en suis certain.   

C’est ainsi que je rencontre Dre Alessandra Coeytaux Jackson, directrice de la clinique, néurologue et spécialiste du sommeil. Passionnée de son aussi, de bioacoustique, d’univers sonores électroniques. De nos échanges et de l’exploration des données électrophysiologiques de mon sommeil émerge ce projet, qui m’occupe depuis plus d’un an. Le sommeil est revenu mais l’obsession de relire les données de la polysomnographie avec mes synthétiseurs, elle, est restée. Je l’accueille comme une mère accueille la joie de son enfant.


Comment la musique est-elle composée ?

Ma méthode de composition est basée sur deux principes : rester proche de la continuité des processus biologiques dans l’organisme humain (qui se déroulent de manière ininterrompue, jour et nuit) et élaborer des timbres sonores qui, par leurs vibrations et leur structure harmonique, donnent l’expérience sensorielle d’un corps qui dort.

Puisque cette expérience est hors de portée, le son est un moyen merveilleux d'ouvrir les portes de l'éprouvé - dans le sens de quelque chose qui est éprouvé et enregistré dans notre conscience, et dans le sens d'être touché émotionnellement. J'appelle cela le "data body", un corps virtuel fluide créé à partir d'une matière digitale, abstraite.

Plus concrètement…   

Les données sont issues de capteurs placés sur le corps (boîte crânienne, visage, thorax, abdomen, jambes) qui enregistrent des ondes d’amplitudes et de fréquences différentes. Comme les vagues de la mer, elles se superposent dans un mouvement continu, parfois très plat (une mer sans vent), parfois très abrupt (une mer orageuse). Là où le néophyte ne voit que désordre, l’œil aguerri des interprètes spécialisés (médecins, chercheurs) y décèle des patterns, des configurations significatives, reliées entre elles et donnant une image fiable du fonctionnement des organes et du corps dans son ensemble.

Dans la forme la plus simple ces données sont des nombres, des dizaines de miliers de nombres qui se succèdent dans le temps, chacun dénotant une infime variation d’une onde cérébrale, de l’oxygénation du sang, du mouvement des yeux, etc.  

Il y a donc une succession de nombres qui défilent à une certaine vitesse ?   

Pour décéler les volutes d’une harmonie cachée, je ralentis la « vitesse » à laquelle les données sont enregistrées et décodées normalement. Un électroencéphalogramme (EEG) enregistre l’activité électrique du cerveau à raison de 200 variations par seconde (soit une fréquence d’échantillonnage de 200 Herz). Je veux donner à entendre le passage d’un nombre à un autre, comme si on regardait au ralenti la vidéo d’une mer en mouvement pour observer le roulis de l’eau d’une vague à l’autre. Je ralentis alors la lecture des données, par exemple à 0.25 Herz, soit une valeur numérique toutes les 4 secondes. A cette vitesse-là, c’est comme si on pouvait saisir l’impulsion originaire d’une vague. Comme si on pouvait se connecter à son point de départ, à sa source même.


Il s’agit donc d’une interprétation dans un tempo très lent. 

Le tempo est parfois très lent, parfois très rapide, il y a des variations qui renvoient aux variations effectives dans les données. Cela dit, une autre manière de travailler la continuité est de laisser complètement de côté la dimension temporelle et d’analyser la structure même des vagues de la mer – en l’occurrence les ondes de l’EEG du sommeil – et de la transposer au plan sonore. Un peu comme les musiciens décomposent un accord en un note fondamentale et des harmoniques, les scientifiques décomposent une forme d’onde complexe en plusieurs ondes sinusoïdales (transformation de Fourier). 

Plus simplement, c’est comme si on regardait une onde avec un microscope et on en faisait une coupe transversale, pour voir comment elle est faite. Ainsi, par exemple, j’applique une FFT (Fast Fourier Transform) sur une séquence EEG de sommeil profond et je retiens les 5 fréquences les plus importantes (toutes des delta, soit sous 4Hz), que je transpose ensuite dans le domaine audible (à partir de 20Hz). Ainsi, j’obtiens des drones sinusoïdaux multi-couches, extraits des ondes enregistrées pendant le sommeil. Lorsqu'il a entendu le premier drone, un ami (un enseignant de physique assez anxieux) m’a dit qu'il a "arrêté de penser". C’est une expérience subjective, bien sûr, mais c’est agréable de savoir que le son peut parfois créer du silence.

Un autre fait intéressant, c’est que la superposition des 5 ondes transposées d’une phase de sommeil profond me donne FA dièze comme note fondamentale et quatre autres notes de la gamme de FA dièze mineur ! Les différentes parties du projet sont construites autour de cette gamme, afin de garder une cohérence harmonique.

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